Surdoué au travail : comment le reconnaitre et le gérer
Commençant par l’histoire suivante :
” Anne dirige une équipe d’ingénieurs dans une petite entreprise. Elle a remarqué que l’un de ses nouveaux recrus, Julien, ne s’intègre pas à ses collègues. Il se distingue par sa “différence” et se tient à l’écart. Dès qu’il est obligé de travailler en groupe, les esprits s’échauffent.
Au moment où Anne se demande s’il faut renvoyer Julien, celui-ci organise une projet d’ingénierie très réussi. Quatre mois plus tard, il livre un autre projet qui laisse la concurrence sur le carreau.
Anne n’a plus aucun doute sur le talent extraordinaire de Julien, mais il continue à être un défi à gérer. Heureusement, elle reconnaît qu’il est “surdoué”. Elle commence alors à réfléchir à la façon dont elle peut développer ses forces uniques et l’aider à travailler plus efficacement avec ses coéquipiers.”
Dans cet article, nous examinons comment reconnaitre les membres surdoués d’une équipe de travail. Nous explorons ensuite six stratégies pour faire ressortir le meilleur d’eux-mêmes.
Comment reconnaitre un surdoué au travail ?
Le problème immédiat de l’utilisation du terme “surdoué” est qu’au-delà de son utilisation dans l’éducation, il n’existe aucune définition précise de ce terme pour les adultes sur le lieu de travail.
On utilise la définition de la surdouance du ministère de l’Éducation, qui décrit “les enfants et les jeunes dotés d’un talent exceptionnel qui atteignent ou ont le potentiel d’atteindre des niveaux d’accomplissement remarquablement élevés par rapport aux autres personnes de leur âge, de leur expérience ou de leur environnement”.
Cela constitue un bon point de départ pour définir la surdouance sur le lieu de travail. Elle peut être, pourtant, abordée de plusieurs manières.
Par exemple, le fait d’avoir une intelligence extraordinaire est un indicateur communément accepté de la douance. Il est également possible de décrire un “surdoué” en termes physiologiques, comme le fait d’avoir un cerveau capable d’absorber et de traiter les informations de manière exceptionnellement rapide et efficace.
Sur le lieu de travail, les personnes surdouées sont considérées comme des visionnaires, des innovateurs et des spécialistes de la résolution de problèmes qui vont au cœur de questions complexes.
Mais la douance ne se limite pas à une intelligence et à une puissance cérébrale élevées. Par exemple, le boxeur Muhammad Ali était considéré comme “surdoué” dans son domaine, mais il ne pouvait pas être considéré comme tel sur la seule base de son intelligence. Comme il l’a dit, “J’ai dit que j’étais “le plus grand”. Je n’ai jamais dit que j’étais le plus intelligent !”
Caractéristiques des personnes surdouées
Les psychologues ont identifié trois caractéristiques des personnes surdouées :
- L’intensité : les personnes surdouées sont extraordinairement concentrées, empathiques et entreprenantes.
- Complexité : ils peuvent digérer et analyser rapidement d’énormes quantités d’informations.
- Dynamisme : elles sont très curieuses, motivées et engagées.
Dans sa théorie de la désintégration positive, le psychologue Kazimierz Dabrowski affirme que les personnes douées présentent certaines caractéristiques ou comportements.
Par exemple, il a dit qu’ils ont tendance à être intensément perceptifs, à utiliser des techniques de visualisation pour atteindre leurs objectifs. Ils peuvent aussi être non-conformistes et indépendants d’esprit. Elles peuvent se lancer rapidement dans de nouvelles directions inattendues lorsque l’inspiration leur vient.
Cependant, les personnes surdouées peuvent présenter des défis pour un manager. Elles peuvent être très émotives et sensibles, et préfèrent travailler seules plutôt qu’en groupe.
Cela peut entraîner du ressentiment et des conflits avec les autres membres de l’équipe. Elles peuvent se sentir seules, déprimées et incomprises, et peuvent être socialement maladroites.
Six stratégies pour gérer un surdoué sur le lieu de travail
La clé pour établir une bonne relation de travail avec un membre doué de l’équipe est de créer une stratégie de gestion mutuellement bénéfique. Cette approche vise à tirer le meilleur parti de ses capacités et lui donner le sentiment d’être stimulé et engagé.
C’est ce que les experts en leadership appellent être “un tuteur bienveillant, plutôt qu’un patron traditionnel”.
Voici six étapes pour vous aider à devenir ce tuteur bienveillant :
1.Reconnaître les talents
En reconnaissant les talents d’une personne et en l’encourageant à les reconnaître, vous pouvez les mettre en valeur.
Vous pouvez l’aider à s’épanouir et à être proactive dans la gestion de ses propres talents.
2.S’attaquer aux pièges de la douance
Le membre surdoué de votre équipe de travail peut être malmené par des personnes qui ne le comprennent pas, ou intimider les personnes qui ne peuvent pas le suivre.
Vous pouvez l’aider à comprendre comment les autres peuvent percevoir son comportement comme critique, condescendant ou arrogant.
Encouragez-le à engager la conversation avec ses collègues et offrez-lui des conseils sur la façon de travailler en équipe. Ils pourraient s’efforcer d’améliorer leurs compétences en matière de communication, par exemple en écoutant, en répondant et en posant des questions, et en évitant de “rabaisser” les gens.
Aidez-les à gérer les distractions et la charge de travail, car les personnes surdouées peuvent être sujettes au stress et à l’épuisement.
3.Fixez des tâches et des projets stimulants
Confiez-lui des tâches qui les stimulent, les intéressent et les mettent au défi.
Les personnes surdouées ont tendance à avoir un seuil d’ennui bas. Il est donc peu probable qu’elles apprécient ou s’engagent dans des tâches routinières ou répétitives.
Attribuez-leur des tâches qui exploitent et développent leurs points forts. Demandez-leur de réaliser une analyse SWOT personnelle pour mieux comprendre leurs points forts.
4.Permettre l’autonomie
Donnez-lui du temps et de l’espace pour faire des recherches et réfléchir. Les personnes surdouées n’aiment pas se sentir confinées par des règles ou par des environnements structurés et microgérés.
Ainsi, dans la mesure où leur rôle le permet, donnez-leur une certaine liberté et un espace pour la spontanéité, et pour explorer leurs propres idées.
Cependant, vous devrez peut-être fixer des limites pour vous assurer qu’ils sont responsables de leur travail et qu’ils atteignent leurs objectifs.
5.Créez un environnement propice
Si possible, apportez quelques modifications simples au lieu de travail qui peuvent être bénéfiques, sans gêner les autres membres de l’équipe.
Les personnes surdouées travaillent mieux sans distractions. Alors essayez de leur fournir un espace de travail calme ou permettez-leur de travailler avec des écouteurs.
Les personnes surdouées sont généralement très exigeantes et peuvent avoir une véritable peur de l’échec. Rassurez-les en leur disant que l’échec fait partie de la vie et qu’il ne s’agit pas d’un délit punissable.
Expliquez-leur que la façon dont ils réagissent à l’échec est importante et qu’ils doivent en tirer des leçons et aller de l’avant.
6.Soyez un manager fort et empathique
Certains managers peuvent se sentir intimidés ou menacés par les stars de leur équipe. Ils peuvent avoir l’impression que l’excellence de ces membres de l’équipe peut saper leur propre position. Leurs insécurités peuvent alors les amener à saboter par inadvertance leur propre carrière.
Il peut donc être utile de développer votre propre confiance en vous et de mettre en valeur vos propres forces et capacités, car les personnes surdouées ont tendance à respecter et à s’intéresser à l’expertise et aux réalisations bien plus qu’à la hiérarchie et à l’autorité.
En plus d’aider le membre de votre équipe surdoué à atteindre son plein potentiel, il est également crucial d’être un manager empathique. Soyez prêt à adapter votre style de management lorsque vous avez affaire à eux.
Par exemple, au lieu de lever les bras en signe d’exaspération lorsque vous constatez un comportement mélodramatique, essayez de l’aider à reconnaître les signes avant-coureurs d’une explosion émotionnelle afin qu’il puisse réagir plus calmement.