Quand votre collègue raconte trop sa vie au travail !
L’authenticité est la qualité de leadership que l’on vous demande de rechercher au travail. Dans leur chemin, certains peuvent être amenés à partager des anecdotes personnelles, des croyances et des opinions avec ceux avec lesquels ils travaillent.
Mais jusqu’à quel point est-il sage de raconter sa vie privée ou ses opinions à ces collègues de travail, et le fait d’en révéler trop peut-il donner des effets inverses ?
Pourquoi un collègue vous raconte trop sa vie privée au travail ?
Prenons l’histoire que raconte Anne :
“J’ai été assailli pendant des mois par une collègue qui voulait parler de ses problèmes familiaux, de ses relations amoureuses et de ses expériences avec de nouveaux styles de yoga. Pour la décourager, j’ai essayé de changer de bureau et mettre des écouteurs lorsque elle se manifestait. Je faisait un grand effort pour les retirer. Avec le temps, nous avons négocié un accord pour qu’elle ne nous interrompe plus autant. Elle avait besoin d’une meilleure amie ou d’un compagnon, ce qu’elle a fini par obtenir lorsqu’elle a commencé à fréquenter quelqu’un en dehors du bureau”.
Les études montrent que plus de trois employés sur cinq ont au moins un collègue qui en raconte trop sur leur vie privée.
Si vous vous êtes déjà retrouvé être celui qui partage trop, pensez à ce qui s’est passé à ce moment-là : étiez-vous particulièrement vulnérable et aviez-vous besoin de contacts ? Vous étiez nouveau dans l’entreprise et vous n’étiez pas sûr de la culture ? Avez-vous mal évalué une relation ?
Faites le point sur ces expériences et avant de révéler quoi que ce soit que vous pourriez regretter. Vérifiez votre humeur du moment pour voir ce qu’il en est.
N’oubliez pas que le partage excessif n’a pas seulement un impact sur l’opinion que les autres ont de vous sur le plan professionnel, il peut aussi avoir un impact direct sur eux. De nombreuses personnes voient leur travail perturbé en conséquence.
Si vous êtes dans cette situation, il se peut que vous deviez adopter une approche claire et explicite de votre feed-back afin de surmonter ce qui se passe avec la personne qui partage trop.
Le partage excessif concernant les opinions liées au travail
Si vous êtes au courant de certains faits ou si vous avez une opinion bien arrêtée sur un aspect de votre activité, réfléchissez bien avant de vous épancher, aux personnes qui pourraient vous entendre, à la façon dont votre public pourrait percevoir vos commentaires en fonction de ce qu’il sait ou ne sait pas de vous, et aux conséquences que cela pourrait avoir.
Prenons le cas de Mélanie, directrice générale d’une cafétéria d’une entreprise technologique internationale : “Une personne extravertie qui se connaît bien est une personne extravertie :
“Extravertie et se connaissant bien, [Mélanie] partage librement ses expériences et ses perceptions. Cela peut s’avérer efficace lorsqu’elle s’adresse à son personnel, mais c’est moins le cas lorsqu’elle s’adresse à des personnes extérieures.
Par exemple, lorsqu’un responsable des ressources humaines l’a récemment complimentée sur le service de restauration qu’elle avait coordonné pour une cérémonie de remise de prix interne, Mélanie a révélé qu’elle s’était inquiétée parce que l’entreprise était sur le point d’externaliser son service de restauration.
Au lieu de saisir l’occasion d’obtenir davantage de contrats internes pour sa cafétéria assiégée, elle a diminué son statut et inquiété les membres de l’équipe qui ont entendu l’échange”.
Que faire si vous vous retrouvez dans un environnement de travail qui favorise le partage excessif ?
Les forums de travail sont inondé de lettres d’employés désespérément mécontents d’être contraints de participer à un partage excessif de leur culture.
Par exemple, une femme d’une quarantaine d’années qui ne veut pas participer au “show and tell” hebdomadaire organisé sur la vie privée, au cours duquel les autres membres de l’équipe (pour la plupart âgés d’une vingtaine d’années) s’expriment à tour de rôle pendant dix minutes sur un sujet personnel.
Un autre qui ne veut pas apporter ses photos d’enfance au mur de photos du personnel “Quand j’avais cinq ans” dans l’espace d’accueil de son organisation.
Une femme mécontente que le patron de son entreprise familiale propose à chaque employé une séance de coaching de vie au cours de laquelle ils sont encouragés à divulguer un objectif de vie personnel pour lequel il peut apporter son soutien.
De tels dilemmes nécessitent de trouver un équilibre entre le fait d’être perçu comme “non participatif” ou “ne jouant pas le jeu de l’équipe” et le fait de se sentir à l’aise avec ce que l’on choisit de partager au travail. Il peut être facile de repérer d’autres collègues qui ressentent la même chose, auquel cas vous pouvez créer une solidarité.
Vous pouvez également trouver des moyens de partager des détails mineurs vous concernant sans porter atteinte à votre droit absolu à la vie privée.
L’intelligence émotionnelles est la clé pour trouver le bon équilibre
Révéler quelque chose de votre vie privée exige une grande connaissance de soi, la capacité de lire les autres et d’évaluer les situations avec précision.
Il faut également faire preuve d’une totale honnêteté – les gens peuvent voir clair dans les affabulations ou les enjolivements. Il est également judicieux de réfléchir à la raison pour laquelle vous partagez votre vie privée.
Racontez-vous l’histoire de la discipline que vous avez infligée à votre enfant en bas âge parce que c’est une analogie parfaite avec un dilemme actuel sur le lieu de travail ? Parce qu’une collègue que vous appréciez et en qui vous avez confiance est aux prises avec ses propres problèmes de maternité ? Ou tout simplement parce que vous êtes fatiguée par un week-end avec les enfants et que vous voulez vous défouler ?
Gardez à l’esprit que le contexte dans lequel vous agissez peut susciter des réactions et des perceptions très différentes à votre égard.
Ce qui relie chacune de ces facettes, c’est votre intelligence émotionnelle. Vous comprenez-vous et comprenez-vous vos motivations ? Pouvez-vous apprendre de vos propres erreurs ? Êtes-vous un bon juge de caractère ? Ecoutez-vous bien les autres ? Êtes-vous capable d’établir de bonnes relations avec les autres et de parler d’une manière qui permette aux autres d’établir de bonnes relations avec vous en retour ?
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Les conséquences possible si on partage trop sur sa vie privée au travail
Même les personnes les plus discrètes, celles qui répugnent à révéler leur vie privée et qui sont dotées d’une intelligence émotionnelle à toute épreuve, peuvent parfois commettre une erreur et révéler quelque chose qu’elles finissent par regretter.
Prenons le cas suivant, une personne souffrant de troubles bipolaires, qui raconte :
“Un jour, une collègue m’a approchée. Elle savait que j’avais des connaissances en matière de santé mentale et souhaitait obtenir des conseils sur la manière de gérer une personne de son entourage qui luttait contre un grave problème de santé mentale. Autour d’un café, elle s’est inquiétée du fait que son amie n’aurait jamais une vie normale. Dans l’espoir de la rassurer, je lui ai parlé de ma maladie [bien gérée]. La décision que j’ai prise de m’ouvrir a eu d’énormes répercussions. Le collègue qui m’avait demandé conseil a révélé mon état au conseil d’administration, dont les membres ont décidé qu’en tant que responsable de leur plus gros compte, je représentais un “trop grand risque” pour l’entreprise [et j’ai été licenciée]”.
Il y a aussi Catherine, propriétaire d’une agence de soins à domicile, qui en a trop révélé lorsqu’on lui a demandé de se présenter lors d’une réunion externe :
“Épuisée après une nuit blanche avec son bébé malade, elle a fait part de cette expérience dans son introduction, au grand dam de son auditoire. Son auditoire voulait en savoir plus sur sa formation et son expérience professionnelle, et au lieu de cela, elle a parlé de façon imagée des vomissements de son bébé. Il lui a fallu plusieurs mois pour rétablir sa crédibilité.
Derniers conseils :
“[Il ne vous faut pas] des années avant de commencer à raconter votre vie privée à vos collègues. Vous devez simplement avoir passé suffisamment de temps avec eux pour développer une base de confiance et apprendre les normes de l’organisation.
Mais d’abords, développez des objectifs communs, délimitez les buts et les rôles, et démontrez votre crédibilité et votre fiabilité par votre travail. Observez attentivement le degré d’ouverture des autres avant de faire des révélations importantes.
Dans certains lieux de travail, vous finirez par trouver qu’il est sûr et utile de partager. Dans d’autres, vous vous rendrez compte qu’il est extrêmement imprudent de le faire”.